Résumé

La lutte intégrée contre les ravageurs est un système qui associe différentes formes de lutte biologiques, culturales et chimiques mais en minimisant l’usage des pesticides de synthèse.

Notes

La lutte intégrée contre les ravageurs, qu’est-ce que c’est ? Introduction suggérée La lutte ou gestion intégrée contre les ravageurs ou nuisibles est un système global qui permet au petit agriculteur de venir à bout des problèmes posés par les ravageurs mais de façon responsable pour l’environnement. Elle associe donc différentes formes de lutte et de méthodes biologiques, culturales ou chimiques mais en minimisant l’usage des pesticides de synthèse comme va nous l’expliquer Malik Ba, entomologiste à l’INERA de Ouagadougou au micro d’Adama Zongo. Début de la bande : « On est passé du système réactif pour lutter contre les … » Fin de la bande : « …produit qu’il faut au moment qu’il faut et à la place où il faut. » Durée de la bande : 5’54 Annonce de fin : Cette émission vous était proposée par le CTA. Transcription Ba On est passé du système réactif pour lutter contre les nuisibles à un système actif et préventif. Donc cette méthode est avant tout basée sur l’éducation, donc la connaissance de l’environnement du ravageur et donc connaissant sa biologie et son écologie, on sait à quel moment il faut intervenir.

Zongo Disons que la gestion intégrée des nuisibles est un système. Alors quels sont ses composantes ? Ba Vous avez les méthodes de lutte culturale qui consistent soit à utiliser les bonnes quantités de fertilisant, soit à bien gérer l’hygiène des champs. Ensuite vous avez des rotations culturales qui permettent aussi de faire face à certains nuisibles. Il y a donc l’utilisation des variétés résistantes aussi pour ce qui concerne les cultures : utiliser des variétés qui sont moins attaquées et ça on les obtient par les croisements génétiques des sélectionneurs qui créent de nouvelles variétés qui sont plus ou moins résistantes aux insectes. Vous avez également la lutte biologique qui fait appel aux ennemis naturels des ravageurs et la lutte chimique. La lutte chimique ici c’est utiliser les insecticides de façon raisonnée c’est-à-dire là où en temps normal on fait dix applications d’insecticide, on réduit au maximum ces applications d’insecticide pour pouvoir préserver l’environnement. Zongo Il y a une composante qu’on appelle la prévention, c’est-à-dire avant que les nuisibles et les ravageurs ne deviennent des menaces, alors que doit-on faire ?

Ba La prévention, elle, est basée sur l’observation : ce n’est pas tout être vivant qui est forcément nuisible. Vous pouvez avoir des êtres vivants ou des ravageurs sur une plante mais tant qu’ils n’ont pas atteint un certain seuil, on ne considère pas qu’ils soient nuisibles. Donc la prévention ici c’est l’éducation par l’observation pour déterminer à partir de quel seuil tel être vivant présent dans mon champ ou dans mon jardin est nuisible.

Donc c’est essentiellement ça la prévention, déterminer les seuils de nuisibilité et à partir de ces seuils, prendre les mesures qu’il faut pour contrôler le nuisible. Zongo Par ailleurs on parle de l’identification et de la surveillance. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ba L’identification et la surveillance c’est identifier la cause du mal qu’on a dans son jardin ou son champ et la surveillance c’est savoir à partir de quand cet être vivant est nuisible donc c’est à partir d’études menées dans des laboratoires. C’est le cas des cultures de riz où les chercheurs de l’INERA qui ont eu à travailler dans la zone de la vallée du Gou ont démontré que pour un insecte pour lequel les paysans faisaient des traitements systématiquement, il fallait en fait attendre qu’il y ait cinq pour cent d’attaques dans un mètre carré pour commencer à faire les traitements. Les paysans, systématiquement, il suffit qu’ils voient un ou deux dégâts sur leurs champs de riz et ça suffisait pour faire des traitements. Donc en faisant des formations éducatives de façon participative avec les paysans, on a appris à leur montrer quand il faut faire le traitement. Du coup ils ont réussi à faire des gains économiques importants en réduisant les applications d’insecticides notamment.

Zongo Voilà, quels sont les avantages que la gestion intégrée des nuisibles offre aux petits producteurs ? Ba La gestion intégrée vraiment c’est un contrôle raisonné donc c’est ce qui va en réalité avec la petite agriculture. La grande agriculture industrielle et autre, c’est une agriculture qui peut supporter beaucoup d’intrants donc beaucoup de dépenses parce qu’à la fin, on peut vendre. Alors que la petite agriculture c’est parfois une agriculture de subsistance donc l’agriculture de subsistance consiste à réduire au maximum les coûts de production pour pouvoir s’en sortir. Donc la lutte intégrée, la gestion intégrée c’est la solution pour les petits producteurs. Zongo On dit que tout système comporte des inconvénients alors quels sont les inconvénients justement de cette gestion intégrée des nuisibles, s’il y en a ? Ba Bon, je ne dirais pas inconvénients en tant que tels… c’est qu’on a des difficultés parfois à lier certaines méthodes de lutte. Vous avez la lutte chimique et la lutte biologique, ce n’est pas du tout facile de trouver un insecticide ou un autre produit chimique pour lutter contre des maladies, par exemple, qui puisse contrôler l’insecte ravageur tout en n’ayant pas d’effets négatifs sur son ennemi naturel. Zongo Alors quels sont les différences que l’on peut noter entre la gestion intégrée des nuisibles et l’agriculture biologique ?

Ba La gestion intégrée des nuisibles et l’agriculture biologique doivent pouvoir aller ensemble à condition de ne pas faire de traitements chimiques avec des pesticides classiques mais dans ce cas précis il y a les plantes à effet insecticide qui font partie du savoir-faire paysan et qu’on peut exploiter. Donc de telles pratiques appliquées aux autres pratiques compatibles avec l’agriculture biologique, je pense que ça marche sans problèmes. Zongo Cela veut dire qu’on peut faire de la gestion intégrée des nuisibles sans faire de l’agriculture biologique ? Ba Tout à fait parce que l’agriculture biologique proscrit tout ce qui est produit chimique alors que dans la gestion intégrée, bon, on peut utiliser des produits chimiques. C’est jusque qu’on insiste sur le fait de ne pas utiliser les pesticides à n’importe quel moment et n’importe quand et encore moins n’importe quel insecticide, quoi … Il faut utiliser le produit qu’il faut au moment qu’il faut et à la place où il faut. Fin de la bande

Source : cgspace.cgiar.org

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